Le Collectif révolution permanente a pour but de préparer le renversement du capitalisme, d’aller au socialisme-communisme mondial. Il ne s’agit pas d’une utopie, mais d’une nécessité car le maintien du capitalisme mène l’humanité à sa perte. Il ne s’agit pas d’une utopie, mais d’une possibilité, grâce au développement des sciences et des techniques, à la croissance sans précédent historique des forces productives. Le socialisme-communisme est possible parce, parmi ces forces productives, figure une classe sociale qui est capable de renverser les rapports de production périmés et la course au profit qui mine notre environnement.
Cette classe est mondiale. Un aspect progressiste du capitalisme par rapport aux modes de production antérieurs est que, pour la première fois, il a unifié l’humanité. Certes, il a mondialisé l’économie et la culture de manière asymétrique, cruelle, exploitatrice. Reste qu’il a arraché pour la première fois et de manière irréversible l’humanité à la routine, à l’étroitesse, au localisme. Toute l’humanité a été mise en relation, forme un tout contradictoire.
Pourtant, le capitalisme reste indissociable de la superstructure de presque 200 États qui fracturent la classe exploiteuse, qui découpent la population humaine, qui sont devenus des freins au développement des forces productives, qui constituent un obstacle à toute solution réelle à la crise écologique mondiale et qui représentent autant de menaces contre la révolution sociale. Ces multiples États s’affrontent en permanence, les plus puissants d’entre eux rivalisent de manière de plus en plus dangereuse.
Seul le prolétariat mondial peut mettre fin à la division du monde, à l’inégalité internationale, aux guerres. C’est pourquoi les communistes, qui sont la partie la plus consciente et la plus radicale du mouvement ouvrier, en sont en même temps l’aile la plus internationaliste. Leurs dirigeants ont toujours agi dans le cadre d’organisations internationales.
Si Marx et Engels étaient allemands, la Ligue des communistes n’était pas une organisation allemande, mais internationale. Même si elle a été dissoute après le reflux de la révolution européenne de 1848-1850, cette expérience et les cadres de la Ligue ont permis que les communistes dirigent et développent l’Association internationale des travailleurs qui regroupait tout le mouvement ouvrier de 1864 à 1871, jusqu’à l’écrasement de la Commune de Paris. Sur cette base, Engels, Bebel, Kautsky, Bernstein, Guesde, Lafargue, Plekhanov, Labriola, ont pu proclamer l’Internationale ouvrière en 1889 en s’appuyant sur le SPD allemand.
Certes, la 2e Internationale a fini par trahir en 1914, à cause de l’intégration à leur État bourgeois national des principales sections. Mais, sans l’Internationale ouvrière, il n’y aurait pas eu de Parti bolchevik, ni de Ligue Spartacus. C’est dans le cadre de l’Internationale ouvrière qu’ont été formés Luxemburg, Lénine ou Trotsky. Grâce au Parti bolchevik, la révolution russe a vaincu en 1917. Cela a ouvert la voie à la proclamation de l’Internationale communiste en 1919.
Faute de parti construit à temps, la révolution socialiste a échoué en Hongrie et en Allemagne en 1919. À cause de la subordination de l’organisation communiste chinoise à la bourgeoisie nationale, le prolétariat chinois a été écrasé en 1927. Le pouvoir soviétique est resté isolé, l’URSS a dégénéré. La bureaucratie russe a échappé au contrôle des communistes, elle s’est emparée du parti unique et de l’État ouvrier en 1924. Elle a soumis la 3e Internationale à ses besoins nationaux, elle a causé la défaite historique en Allemagne en 1933. Elle a employé consciemment à partir de 1934 les partis bureaucratisés à la défense de l’ordre capitaliste, avant de la liquider officiellement en 1943.
Le flambeau de l’internationalisme a été repris dès 1929 par l’Opposition de gauche de l’IC puis par la 4e Internationale à partir de 1933. Sa direction a flanché à partir de 1949, avant d’avoir pu trouver une base de masse, sous la pression du stalinisme et du nationalisme bourgeois des pays opprimés.
La crise de la direction internationale est donc plus grave que jamais. Dans chaque crise importante, dans chaque lutte significative, le prolétariat mondial est confronté aux trahisons des bureaucraties, aux agents de la bourgeoisie nationale au sein des masses et aussi aux centristes qui parlent de révolution mais refusent de rompre avec elles.
Nous ne pouvons pas choisir les conditions dans lesquelles nous luttons. Notre devoir est de lever ces obstacles, de construire une nouvelle direction, ce qui ne peut être fait à l’échelle d’un État, en repoussant à plus tard la question de l’Internationale. Le capitalisme pourrissant est mondial, la classe révolutionnaire est mondiale, les problèmes de stratégie sont mondiaux, le programme est mondial.
Le Collectif révolution permanente n’a pas la prétention d’être la direction prolétarienne internationale, ce serait ridicule. Mais, aussi peu nombreux sommes-nous, notre conférence a aussi pour but d’en finir avec l’activisme décervelant, avec la vaine recherche « intersectionnelle » ou « identitaire » de substituts à la classe ouvrière, avec la subordination à tel ou tel appareil (syndical, réformiste, nationaliste, féministe bourgeois ou écologiste).
Cette conférence doit constituer une étape, aussi modeste soit-elle, pour résoudre la crise de direction mondiale, pour construire une internationale communiste révolutionnaire qui aidera dans chaque pays le prolétariat à vaincre, pour avancer vers le socialisme-communisme mondial.