À bas l’invasion impérialiste russe de l’Ukraine !

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L’invasion le 24 février de l’Ukraine par les troupes russes marque une accélération et une intensification des affrontements inter-impérialistes dans le monde. Il rappelle aux travailleurs du monde entier que la seule alternative historique à la barbarie du capitalisme décadent est le combat organisé pour le socialisme mondial.

De l’éclatement de l’URSS à la renaissance de l’impérialisme russe

À partir de 1989, la bureaucratie stalinienne d’URSS a accepté le rétablissement du capitalisme en Europe de l’est ; en 1991, elle s’est reconvertie en classe capitaliste (les oligarques) en pillant les entreprises étatiques et en fusionnant avec des mafieux. Le jeune impérialisme russe maintient par la force la Tchétchénie en 1994-1996 puis en 1999-2000, dispute aux impérialismes occidentaux le contrôle de son voisinage : intervention militaire en Moldavie en 1991-1992, en Géorgie en 2008, contre l’Ukraine en annexant la Crimée et en contrôlant une partie du Donbass en 2014, soutien au despote biélorusse Loukachenko contre les manifestations à l’automne 2020, au Kazakhstan en soutien au despote Tokaïev contre les puissantes manifestations ouvrières en janvier 2022. Mais aussi dans le monde, en Syrie au côté du dictateur sanglant El Assad, en Libye en soutien au satrape Haftar via les mercenaires du groupe capitaliste russe Wagner qui agissent également en Centrafrique, au Tchad et au Mali, au Mozambique, au Soudan… Le colonel à la tête des mercenaires de Wagner, Outkine, qui a ses entrées au Kremlin, est un nazi avéré et les journalistes russes qui enquêtaient sur ses agissements ont été assassinés.

Les impérialismes émergents (Russie, Chine…) remettent en cause le partage du monde. Ils ne peuvent se maintenir ou s’étendre qu’au détriment des impérialismes installés (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Allemagne, Japon…). Pour l’État russe, la priorité accordée par l’État américain à la lutte contre le capitalisme chinois en plein essor, son désengagement relatif des pays d’Europe, d’Asie de l’Ouest, son retrait désordonné d’Afghanistan, offrent l’occasion de desserrer l’étau économique et militaire de ses rivaux occidentaux.

Le capitalisme russe n’est qu’au 12e rang mondial par son PIB, mais il comprend des groupes capitalistes d’envergure (armements, énergie, distribution, automobile, transport aérien). En son sein, il opprime des minorités nationales (Tchétchènes…) et il possède la 2e armée du monde, un important arsenal nucléaire, des capacités de guerre cybernétique parmi les plus développées. À la tête de gigantesques gisements de pétrole et de gaz, il fournit 41 % du gaz du reste de l’Europe, dont 70 % des besoins de l’Allemagne, 80 % en Hongrie, 100 % en Autriche et en Slovaquie…Il est le premier exportateur mondial de céréales, le premier producteur de nickel et de palladium, le troisième exportateur d’acier…

L’État russe veut détruire l’État ukrainien

Poutine a dès mi-novembre 2021 massé ses troupes aux frontières de l’Ukraine tout en assurant mensongèrement :

La Russie ne représente de menace pour personne, nous nous occupons de nos propres affaires et prenons des mesures pour assurer notre sécurité si nécessaire, s’il y a des actions provocatrices de nos opposants près de nos frontières. (Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, 14 novembre 2021)

En novembre, Poutine attise le conflit dans le Donbass entre ses marionnettes séparatistes et l’armée ukrainienne, accuse le gouvernement ukrainien de saboter les accords de Minsk de 2015, censés y mettre un terme. Biden, Macron, Johnson, Scholz… déclarent qu’ils n’interviendront pas militairement en cas de conflit armé. Pour le dirigeant russe, intervenir en Ukraine, renverser son gouvernement et menacer ensuite directement la Géorgie devient un objectif réalisable.

Le 4 février, Poutine prend soin de renforcer ses liens diplomatiques et commerciaux avec l’impérialisme chinois. Ensemble, Xi et Poutine actent « l’entrée des relations internationales dans une nouvelle ère ». Dès lors, l’impérialisme chinois manœuvre entre un soutien prudent à l’impérialisme russe et la défense de ses propres intérêts.

Le 21 février, Poutine reconnait officiellement les républiques séparatistes du Donbass et déclare que l’Ukraine est une création artificielle de Lénine et des bolcheviks. Le 24, il prétend contre toute vraisemblance que le régime ukrainien est nazi et a entamé un génocide des Russes au Donbass. Aussitôt blindés, avions, missiles et troupes au sol impliquant environ 150 000 soldats s’élancent dans une offensive coordonnée.

Les impérialismes occidentaux sont coupables de bien des guerres et ont une lourde responsabilité dans celle-ci

Les impérialismes occidentaux ne peuvent donner aucune leçon à Poutine et à l’État russe. D’une part, ils ont tous un passé criminel de pillage du monde, d’interventions militaires à l’étranger, d’occupations d’autres pays, de soutien à des régimes despotiques.

D’autre part, l’État américain et ses alliés de l’OTAN ont profité de l’effondrement de l’URSS pour menacer militairement l’État russe. Ainsi, l’Albanie, la Bulgarie, l’Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, le Monténégro, la Tchéquie, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie sont devenus membres de l’OTAN. L’adhésion de la Géorgie était en bonne voie et les Etats-Unis défendaient celle de l’Ukraine. En décembre 2021, Biden, Johnson, Macron, Scholz ont refusé la neutralisation de l’Europe centrale que demandait Poutine.

Depuis le déclenchement de l’offensive russe contre l’Ukraine, les impérialistes américain, français, allemand, britannique, etc. ont mis en place des sanctions économiques contre l’économie russe et renforcent dans le même temps les dispositifs militaires des forces de l’OTAN dans les pays limitrophes de la Russie et de l’Ukraine. Le gouvernement SPD-Grunen-FDP décide d’augmenter massivement le budget militaire de l’Allemagne, les autres vont suivre.

Vive l’internationalisme prolétarien ! Vive la résistance du peuple ukrainien et du peuple russe !

Depuis le début de l’invasion russe, malgré un rapport de forces militaire très défavorable, l’armée ukrainienne aidée de réservistes et de volontaires, résiste, défend les villes assiégées. L’offensive de l’armée russe est plus difficile que prévue. Les soldats russes, dont beaucoup sont des conscrits, censés combattre contre des « nazis », envahissent en fait un pays « frère ». Des armes ont été distribuées à la population d’Ukraine, les travailleurs et la jeunesse s’organisent pour résister, fabriquent des cocktails molotov, assurent patrouilles et contrôles… L’armée russe va probablement devoir faire face à une guerre de partisans.

Malgré l’intoxication médiatique et la répression policière et judiciaire, une partie de la population de Russie, courageusement, manifeste dès aujourd’hui son opposition à l’invasion.

Les travailleurs du monde entier n’ont rien à attendre des initiatives des différents États occidentaux soi-disant pour restaurer la paix, ni même de l’État bourgeois ukrainien qui sépare actuellement aux frontières les Africains des Européens qui veulent fuir le pays, qui nie depuis 2014 les droits de ses minorités nationales, qui tolère les groupes fascistes dans l’armée. Au contraire, les impérialismes occidentaux préparent de nouveaux affrontements et toutes les sanctions économiques et financières qu’ils prennent pèseront avant tout sur les travailleurs de Russie et ensuite, par leurs répercussions économiques, sur ceux de tous les autres pays.

L’impact des sanctions économiques ne peut que renforcer la dépendance de l’impérialisme russe vis-à-vis de l’impérialisme chinois, qui pèse économiquement au moins dix fois plus lourd. Et un succès de l’impérialisme russe en Ukraine ne pourra qu’encourager l’impérialisme chinois dans ses objectifs, en mer de Chine comme pour Taïwan.

Chaque bourgeoisie impérialiste tente d’obtenir le soutien de sa classe ouvrière dans sa course folle à l’armement et aux tensions militaires et économiques, en dressant les travailleurs des différents pays les uns contre les autres, selon le camp où leur bourgeoisie se situe. Mais les travailleurs ukrainiens, russes, français, espagnols, américains, polonais, biélorusses, roumains… ne sont pas les ennemis les uns des autres !

Vive la mobilisation du prolétariat et de la jeunesse russe contre Poutine, pour interdire la guerre fratricide contre le peuple ukrainien !

Aucune union nationale avec sa bourgeoisie ! Front unique des organisations ouvrières contre l’intervention impérialiste en Ukraine ! Ouverture des frontières aux réfugiés d’Ukraine et de tous les pays ! Retour au pluralisme linguistique en Crimée, dans toute l’Ukraine ! Respect de la minorité tatare, russe, bélarusse, moldave, rom, juive, hongroise, roumaine… dans tous les pays de la région !

Les troupes russes hors d’Ukraine ! Retrait des troupes américaines, britanniques, françaises, espagnoles, italiennes… d’Europe centrale ! Dissolution de l’OTAN et de l’OTSC !

À bas l’impérialisme ! Révolution des travailleurs ! Etats-Unis socialistes d’Europe, socialisme mondial !

1er mars 2022

Collectif révolution permanente (Autriche, Espagne, France, Turquie)