Tract de l’ITC-SF et du GKK distribué à Berlin pour le 91e anniversaire de l’assassinat de Liebknecht et Luxemburg

      Commentaires fermés sur Tract de l’ITC-SF et du GKK distribué à Berlin pour le 91e anniversaire de l’assassinat de Liebknecht et Luxemburg

Pas un homme et pas un centime pour la guerre en Afghanistan !
Exiger des bureaucrates syndicaux de combattre le capitalisme et mobiliser la base indépendamment d’eux s’ils s’y refusent !

Le bilan de Die Linke [le parti La Gauche né de la fusion en 2007 du PDS, ex-stalinien et de la WASG, une scission du SPD dirigée par Lafontaine] et de sa participation depuis quatre ans au gouvernement de la ville de Berlin est lamentable. Son opposition au capitalisme « néolibéral » est purement abstraite. Confronté à la réalité de la gestion du capitalisme, il a mené lui-même en première ligne des attaques brutales contre les travailleurs.

Malgré tout, DL est un des rares partis « de gauche » en Europe à avoir eu récemment un succès électoral. Par contraste avec les revers encaissés par d’autres partis sociaux-démocrates lors des élections au Parlement européen en juin 2009, il a pu clairement progresser dans trois lands allemands en aout et lors des élections au Bundestag en septembre. En Sarre, il est passé de 2,3 % (en 2004) à 21,3 %, il a pu atteindre 23,6 % en Saxe et 27 % en Thuringe et même dans certains cas dépasser le SPD.

Il y a eu peut-être en Sarre les événements politiques les plus révélateurs qui montraient dans quelle direction va DL : dans le fief politique de Lafontaine il y eut deux variantes de coalition. Les Verts jouèrent l’arbitre et menèrent des négociations séparées (avec le FDP et DL) et obtinrent « deux réponses presque équivalentes » de leurs partenaires potentiels. En d’autres termes : il n’ y avait pas de différences notables dans l’art et la manière de vouloir gérer le capitalisme selon la direction de DL et selon le FDP bourgeois. Le SPD avait déclaré avant les élections que des coalitions avec le parti DL seraient acceptables au niveau régional pour montrer ainsi son « visage gauche » après avoir perdu sa popularité par son rôle dans l’application de la politique capitaliste durant son propre mandat et ensuite dans la Grande Coalition avec la CDU d’Angela Merkel. En Thuringe, le SPD repoussait une coalition rouge-rouge, par contre dans le Brandebourg, elle en acceptait une sur la base d’un programme brutal de destruction d’emplois et de réduction de dépenses publiques. Dans le Brandebourg, le SPD et DL se sont unifiés sans problème pour la réduction du personnel pour les cinq prochaines années. Le SPD désire supprimer jusqu’en 2019 10 000 emplois dans l’administration publique, donc un cinquième de tous les emplois dans ce domaine et a menacé aussi de coupures dans d’autres secteurs.

Les différences de composition des coalitions ne reposent pas sur des principes et, au niveau régional, les principes comptent visiblement moins. Au niveau fédéral, par contre, on fait miroiter hypocritement de grandes différences, comme par exemple à propos du soutien du SPD aux troupes en Afghanistan (« l’ennemi principal est dans ton propre pays ») et des réductions de prestations sociales. Aujourd’hui, DL se contente de défendre « l’économie sociale de marché » en répandant d’immenses illusions sur l’État bourgeois. Cela rappelle la politique du SWP britannique (qui a scissionné récemment) à l’intérieur de leur front RESPECT qui voulait combattre le « New Labour » de Tony Blair par un recours au « vieux Labour » : Ramenez nous donc au bon vieux temps de Willy Brandt et d’Harold Wilson ! La politique populiste d’Oskar Lafontaine mène à un rapprochement avec le racisme et la xénophobie – comme la privation de la citoyenneté pour tous ceux qui « ne parlent pas allemand, ne payent pas leurs impôts et ne prennent aucune part au financement de l’État-providence». Cela rappelle les « boulots britanniques pour les travailleurs britanniques » de Gordon Brown et rend exactement service aux nazis en s’inspirant de leur politique et en leur conférant ainsi de la respectabilité. Stefan Bornost de Marx 21, le groupe entriste dans DL [affilié à la TSI dirigée par le SWP britannique], pense par contre que « pour DL c’est un suicide politique de participer à un gouvernement en temps de crise économique ». C’est donc une mauvaise tactique que de se faire pincer à soutenir le capitalisme, il vaudrait beaucoup mieux jouer une opposition apparente pour davantage de consommation publique au lieu de prendre parti pour la chute du capitalisme… L’autre groupe d’opposition est DL Socialiste qui comprend de nombreux staliniens de l’est et des syndicalistes de l’ouest qui pratique un peu de propagande révolutionnaire mais est en réalité un regroupement centriste à moitié réformiste.

DL n’est pas une « alternative socialiste » au SPD mais seulement un autre parti capitaliste réformiste avec une base ouvrière radicale. Le SPD est aussi un parti ouvrier bourgeois qui a une base dans les secteurs privilégiés et donc les plus conservateurs de la classe ouvrière.

Les socialistes révolutionnaires utilisent donc une tactique flexible envers ces partis qui ont déjà participé à des gouvernements bourgeois, lesquels ont trahi les travailleurs, et qui veulent continuer à y participer.

Notre programme repose sur le front unique ouvrier : avec les bureaucrates s’ils se battent, contre les bureaucrates s’ils nous vendent – ce qu’ils font souvent ! C’est le fondement du combat de Lénine contre les courants ultragauches au 2e congrès de l’Internationale Communiste en 1920. Ce combat était le fondement du programme de transition de Trotsky de 1938.

Des groupes purement propagandistes comme le SPAD [section de la LCI dirigée par la SL des États-Unis] qui repoussent toute participation aux luttes pour « les intérêts et les besoins élémentaires des masses ouvrières comme celles-ci se les représentent aujourd’hui » (Programme de transition) et ne font qu’attaquer d’autres courants de gauche ne peuvent par définition rien entreprendre ni diriger personne. Même s’ils s’y essayaient comme en 1989 au Parc de Treptow, ils capituleraient lamentablement devant les staliniens et la soi-disant « Armée Rouge » (un nom que cette armée ne mérite plus depuis la fin des années 1920). D’autres comme le GAM [section de la L5I animée par Workers Power de Grande-Bretagne] sont mieux à même d’adresser des exigences à la bureaucratie pour la démasquer ensuite, mais ils se bercent de l’illusion que des groupements comme le Forum Social Européen et le NPA français construiront leur Cinquième internationale au moyen de couches non-prolétariennes.

Nous fondons notre programme sur Karl Liebknecht, Rosa Luxemburg, Vladimir Lénine et Lev Trotsky, pas sur des réformistes traîtres comme Bernstein ou des contre-révolutionnaires comme Noske, Scheidemann et Ebert ou Staline qui sont les précurseurs du SPD et de DL d’aujourd’hui.

C’est pour cela que l’héritage de la Quatrième internationale est si important : « pas de socialisme sans démocratie », comme l’expliquait dans une phrase célèbre Luxemburg. Cela signifie que la classe ouvrière elle-même doit triompher de la réaction et du fascisme et qu’il n’y a qu’elle qui puisse ériger la société socialiste.

Mais la classe ouvrière a besoin d’un parti révolutionnaire et c’est pourquoi nous nous démarquons clairement de ceux qui veulent opposer Luxemburg à Lénine – nous avons besoin d’un parti révolutionnaire qui prête sa voix aux efforts révolutionnaires pour la libération de l’humanité et puisse diriger ses efforts. C’est pour cela que nous avons besoin aussi bien de l’héritage de Lénine que de celui de Luxemburg. C’est la véritable tradition révolutionnaire que nous devrions fêter aujourd’hui, pas la capitulation réformiste de Die Linke devant le capitalisme.

Gruppe Klassenkampf (Autriche)
ITC Socialist Fight (Grande-Bretagne)